Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Anges : La Saga © by Vauxhell
14 février 2007

Chapitre 1 : Un Faucon dans la Nuit La petite

Gatoooo

 

 

Chapitre 1 : Un Faucon dans la Nuit

 


La petite base américaine du nom d'Optimum Alpha occupait tout le minuscule archipel en bordure de l'Océan Atlantique.
Une pauvre caserne militaire, quelques hangars à la tôle rouillée s'encastraient tristement dans ce paysage squelletique.
Une tour de contrôle et de surveillance haute de plus de soixante mètres se tenait perchée sur un tas de roches, fouettées perpétuellement par les vagues.
L'Océan Atlantique était étonnamment calme cette nuit-là, la surface juste dérangée par de minuscules vaguelettes troubles, restant imperturbable.
Dans le ciel noir, la lune pâle brillait de mille feux, jetant un éclat spectral sur les nuages effilés. Un silence pesant flottait, et le temps semblait s'écouler le plus lentement possible, comme s'il n'avait aucune envie de voir arriver le matin.
Depuis que les attaques du Soyouz s'étaient estompées, c'en était ainsi. Le couloir maritime américain restait inanimé.
Tout en haut de la tour de contrôle, dans la salle encombrée d'ordinateurs ronronnants et de câbles poussiéreux, deux contrôleurs aériens s'ennuyaient ferme, les yeux rivés sur l'immense horizon désert.

«Métier palpitant et à grands risques». Tu parles ... quel intérêt y'avait-il à surveiller un couloir que les Soviets n'avaient emprunté depuis des mois ? - songeait l'un d'entre eux, piquant une gorgée dans son gobelet de café.

Immonde, mais fallait faire avec.

Depuis des mois et des mois, ils se relayaient ici, à attendre un point lumineux sur l'écran de contrôle du radar, qui ne venait pas.
Vraiment du n'importe quoi. Ils seraient bien plus utiles ailleurs. Mais l'Etat Major du Pentagone savait tout mieux qu'eux. Pas étonnant que ce satané communiste, le général Pietr Vassilievitch, leur pose autant de problèmes. Ces russes ...
Ce n'est pas l'époque moderne qui les aurait ramollis, eux.
Au bout de deux longues heures, les contrôleurs commençaient à piquer du nez. Le passe temps favori de la base Optimum Alpha : pioncer. Dormir pour passer le temps ...
Stoïque, le radar continuait à tourner en haut de la régie. Un voile de nuages s'était amassé à l'horizon, et quelques lambeaux de frimas stagnaient au pied de la tourelle. La nuit semblait durer une éternité.

Les nuages sombres passaient, poussés par une brise infime, tels un troupeau fantasque de bovins, se promenaient au gré du vent.
L'un d'eux semble se détacher du lot, un petit lambeau de brume qui avait ralenti, comme mu par le désir d'abandonner son cheptel pour se promener à sa guise.
Sauf que ce n'était pas un nuage, mais bien autre chose.

Bip bip bip.

Le radar l'avait repéré et lançait l'alerte. Un point était apparu sur l'écran circulaire vert, réveillant efficacement les deux contrôleurs aériens. L'un d'eux s'empare de la radio et se branche sur la fréquence indiquée indiquée au dessus du point en mouvement.

- Ici Base Optimum Alpha. Veuillez-vous identifier. A vous.

Les Soviets ... ? Enfin ... ?
Pas de réponse autre que les parasites. Pourquoi un avion ennemi répondrait-il, au juste ?

- Ici caserne – grésille la radio – à tour de contrôle. Au rapport, caporal.

- Avion inconnu en approche. Refuse de s'identifier.

- Tirez au bout du troisième appel. Terminé.

Le point était visible à l'horizon, maintenant. Grand, noir, l'avion aux larges ailes ressemblait à un énorme aigle sombre fondant sur sa proie.
Il ne portait aucun numéro, aucune marque d'appartenance à une quelconque armée, rien, à part un symbole sur le flanc qu'on avait beaucoup de mal à déchiffre à cause du manque de lumière.

- Identifiez-vous !

Parasites et grésillements.
Un rire à peine perceptible.
Le bruit des réacteurs commençait à s'amplifier, résonnant dans la nuit. Un cri de rage mécanique, inhumain. L'avion tournait autour de la tour.

- Dernier appel : identifiez-vous, sinon vous allez être abattus !

Toujours pas de réponse.

- Allumez les projecteurs ! Tous spots sur l'engin !

En une seconde, toutes les lumières s'allument, braquant leurs faisceaux violents dans le ciel, zébrant le ventre fuselé de l'avion noir. Les deux contrôleurs purent ainsi voir l'insigne du supersonique.

- C'est une plaisanterie ... ?! Oh, mon Dieu ... sortez les canons automatiques !

La DCA sort du sol, pointant ses gueules immondes sur le ventre de l'appareil, qui, étrangement sûr de lui, ne tentait aucune manoeuvre d'esquive.

- Il est armé ! Feu à pleine puissance ! FEU, FEU !

Ricochant, éraflant et arrachant des morceaux infimes de fuselage à l'avion, les balles passent pourtant sans lui infliger de dégâts sérieux. Alors que l'avion le plus coriace de l'armée soviétique  aurait été disloqué en quartiers sous l'impact des balles ultra-explosives, celui-ci était resté en l'air.

- Deuxième salve ! Tir à volonté !

Pendant plus de deux minutes, les balles anti-intrusion ricochent sur les ailes de l'avion noir, explosant autour de lui comme un feu d'artifice mortel.
Quand la salve s'arrête, l'avion était toujours là. L'un de ses réacteurs fumait, il lui manquait une grande partie du fuselage et la structure métallique d'une de ses ailes avait été mise à nu.

- Au Nom de Dieu, qui êtes vous ?!

- Dieu, z'est moi ! - ricane une voix.

Quelque chose de blanc se détache d'une aile de l'avion. Une étincelle vive, et l'énorme missile file vers la tour de contrôle, apportant avec lui un sifflement moqueur. Un temps mort.
Puis, dans un bruit assourdissant, la tour de contrôle explose, telle un flambeau. S'écroulant sur elle même, elle part vers l'arrière, ses morceaux s'abîmant dans l'océan avec de grands crépitements d'eau et de feu.

- Ici Base Optimum à Tour de Contrôle ! Répondez ! A vous ... tour de contrôle, répondez ! A vous ... que ce passe-t-il ?! Qui sont-ils ?! Répondez, c'est UN ORDRE !

- Crr ... crr... crr...

La radio sombrait dans les abysses de l'Atlantique. L'avion noir, long d'à peine trente mètres, manoeuvre en biais, vers la caserne.

- Envoyez des hommes dans les Newcat ! Abattez-moi-cet-engin-de-malheur !

Avant que les trois pilotes ne puissent sortir, les hangars qui abritaient les chasseurs ne furent que débris de métal fondu et enflammé. Deux îles sur trois étaient en proie au feu de l'Enfer.
A la caserne, la panique commençait à faire surface.

- Qu'est ce qu'on doit faire, mon lieutenant ?!

- Quels sont vos ordres ?

Le lieutenant s'empare de la radio, essayant de ne pas céder à l'affolement.

- Ici Base Optimum. Veuillez vous identifier. A vous !

- Crr ... crr ... crève !

Une autre bombe tombe à toute vitesse sur le bosquet dégarni à côté de la caserne des hommes de rang. Les arbres, desséchés par la soif, s'enflamment comme s'ils avaient été arrosés d'essence.
Certains soldats, désespérés, se mirent à pilonner l'avion de leurs fusils d'assaut. Les ordres criés par leurs supérieurs se perdaient dans les cris d'agonie,de panique et du crépitement des balles.

- Mais qui êtes vous ?! - hurle le lieutenant dans le récepteur de la radio.

La seule chose qu'il entend avant qu'un troisième obus ne s'écrase sur la caserne est un rire bruyant, narquois, dément, qui retentissait encore quand l'avion noir engage une manoeuvre d'atterrissage sur la piste en flammes ...


 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Anges : La Saga © by Vauxhell
Publicité
Publicité